lunes, 25 de agosto de 2014

le temps me regardera mourir

un jour je sais la page
ne traduira plus le silence
en langage humain

les mots eux-mêmes
ne frapperont plus à ma porte

le temps me regardera mourir
peut-être loin de la mer
qu’embrasse l’horizon

l’étoile qui brille pour moi
doucement s’éteindra

la nuit me repliera paisible
dans l’oeuf noir de la mort

alors se souviendront de moi
l’aube de ma première enfance

l’arbre vénérable qui me vit partir
et tous les oiseaux
qui traversèrent mon ciel

lorsque mon ombre
sera touchée par la lumière
je saurai qu’elle était le double
exact de moi même

seule une ombre de chair
peut marcher sur la terre

Amina Saïd, De décembre à la mer, Editions de La Différence, Paris, 2001


Paul Klee, "Vista de Kairouan"


Je suis née sur les bords
de la mer du soleil couchant
la grande mer la très verte
la mer des Philistins
celle qui baigna Carthage
la mer blanche intérieure des Arabes
dont les chevaux déferlèrent sur les rives

algue j’ai grandi vague poisson
étoile aux multiples branches
la première lettre de l’alphabet
incrustée sur le front

Amina Saïd, Del poema "Naissances"